Guérillas, génocide, bombardements, famines, le Cambodge a connu une période épouvantable pendant la seconde moitié du 20ème siècle. Heureusement, toute l’histoire du pays n’a pas été aussi dramatique puisque l’empire Khmer d’Angkor a dominé l’Asie du sud-est pendant plus de 400 ans. Entre le 8ème et le 13ème siècle, une succession de rois indous et bouddhistes ont fait édifier de somptueux temples de pierre.

Implanté au cœur de la forêt, la plupart des temples d’Angkor ont été envahis par la végétation avant d’être « redécouverts » au 19ème siècle et restaurés. La cité d’Angkor et son complex est un véritable trésor de l’histoire cambodgienne et de l’humanité.

Ruine d'un temple d'Angkor au coeur de la forêt

Ruine d’un temple d’Angkor au coeur de la forêt

Temple de Ta Prohm rénové en conservant volontairement un certain envahissement de la jungle

Temple de Ta Prohm rénové en conservant volontairement un certain envahissement de la jungle

Les temples d’Angkor : nos préférés

Le plus grand de tous et du monde (1500m sur 1300m), le temple d’Angkor Wat est le mieux conservé car il n’a jamais été laissé à l’abandon. Son architecture symboliserait l’univers : la douve représentant les océans entourant les continents (cours intérieures) aux cœurs desquelles trône le mont Meru (la tour centrale), résidence des dieux. Nous avons choisi de le visiter entre midi et deux lorsque les cars de touristes retournent sur Siem Reap pour déjeuner et nous y sommes retourné au lever du soleil malgré l’affluence, pour s’imprégner de la magie du lieu à cette heure matinale.

De passage à Angkor...

De passage à Angkor…

Angkor Wat depuis le Bakheng

Angkor Wat depuis le Bakheng

Le plus énigmatique, le temple de Bayon, est constitué de tours à visages avec des pics de plus en plus hauts formant une montagne de pierres.

Temple du Bayon

Temple du Bayon

Visages énigmatiques du Bayon

Visages énigmatiques du Bayon

Sur les ruines de temples, les inscriptions et les bas reliefs racontent la mythologie, les batailles du royaume khmer, mais aussi la vie quotidienne de la cité médiévale qu’était Angkor.

Bas relief du fronton en grès rose du gopura oriental du Banteay Srei

Bas relief du fronton en grès rose du gopura oriental du Banteay Srei

La cité d’Angkor s’étend sur presque 1000 hectares avec plus d’une centaine de temples. Certains sites éloignés d’Angkor Wat sont de vrais joyaux comme le Banteay Srei (à 25km) et partir à leur découverte, c’est traverser la campagne alentours, donnant un bel aperçu du Cambodge qui est un pays encore majoritairement rural, contrairement à ses voisins plus développés. A vélo, pour les plus sportifs ou en tuk tuk (compter 25$ pour le circuit allant jusqu’à Kbal Spean), une journée dans les environs d’Angkor est très facile à organiser.

Temple de Banteay Srei

Temple de Banteay Srei

Lit de rivière sculpté de Kbal Spean

Lit de rivière sculpté de Kbal Spean

Les temples d’Angkor sont-ils en danger?

Inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1992, les temples d’Angkor attirent les cambodgiens en pèlerinage et des flots de touristes du monde entier (plus de 2 millions de visiteurs par an).

Ravagée par des décennies noires, l’économie cambodgienne connaît un rebond depuis une dizaine d’année et le tourisme joue un rôle majeur. Siem Reap est devenue l’épicentre du pays et de très nombreux emplois sont créés pour construire les infrastructures, faire tourner les hôtels et restaurants, conduire et guider les touristes et entretenir le complexe des temples. Et bien au delà des familles qui vivent directement du tourisme, de multiples projets caritatifs permettent d’aider les plus défavorisés de toute la région. Par exemple, Artisan d’Angkor vend toutes sortes d’objets et de souvenirs, emploie plus de mille personnes et finance la formation de jeunes cambodgiens à l’artisanat traditionnel (soierie, sculptures, etc…). Plusieurs cafés et restaurants restituent une partie de leur bénéfice au profit de personnes malades, d’enfants des rues, de victimes des mines anti personnelles.

Mais le tourisme détient aussi son côté sombre. Le tourisme de masse engendre une surexploitation des temples et les mets en périls (fragilisation des structures par le flux massif de touristes, dégradation des gravures par certains touristes non respectueux du site, pollution liée au trafic incessant des bus et tuk tuk).

Touristes envahissant le temple de Ta Prohm

Touristes envahissant le temple de Ta Prohm

Le business autour des enfants les desserrent et incite leur famille à leur faire vendre des cartes ou livres de contrefaçon plutôt que de les envoyer à l’école. La prostitution infantile est un grave problème s’étant déplacé de la Thaïlande (où les mesures de protection et de pénalisation commencent à être efficaces) au Cambodge. Le réseau Childsafe, managé par l’ONG cambodgienne Friends International s’attaque jour après jour à ces pratiques et sensibilise les touristes et les professionnels du tourisme.

Petite fille vendant dans la rue

Petite fille vendant dans la rue

On peut également s’interroger sur les profits des droits d’entrées du site d’Angkor. En effet, les billets sont émis par la chaine hôtelière cambodgienne Sokha Hotels et les recettes s’élèvent à plus de 30 millions de dollars par an.  Le billet pour les touristes étrangers (entrée gratuite pour les cambodgiens) coûte 40$ pour trois jours (il existe aussi un billet à 20$ pour la journée et 60$ pour la semaine). Seule une petite partie des bénéfices revient à l’Apsara (Autorité pour la Protection du Site et l’Aménagement de la Région d’Angkor) de l’ordre de 15%, le reste est partagé entre la société Sokha et l’état sans que l’on sache très bien à qui bénéficie cet argent.

Depuis 1993, trente pays participent au Cambodge à une restauration exigeante des temples de l’ancien empire khmer, pour aller plus loin, nous vous invitons à lire l’article du Monde sur l’histoire de la restauration du temple du Baphuon, une restauration qui s’étalera sur presque un siècle.

Porte de Angkor Thom

Porte de Angkor Thom

Où dormir à Siem Reap pour visiter les temples d’Angkor ?

Siem Reap est la ville la plus proche des temples d’Angkor. Située à 8 km, elle est s’est développé au départ pour loger les artisans de la restauration puis les premiers visiteurs jusqu’au tours opérateurs. Aujourd’hui suite à l’afflux touristique, Siem Reap est devenue la quatrième ville du pays avec près de 200 000 habitants. La ville ne nous a pas laissé un souvenir impérissable mais on trouve des hébergements pour tous les gouts et toutes les bourses ainsi que tout ce qu’il faut pour les voyageurs.

Selon les périodes d’affluence il ne faut hésiter à réserver son hébergement même si cela ne garanti pas toujours d’avoir un lit ! Nous sommes en effet arrivés en fin de soirée à Siem Reap depuis Poipet et la chambre de la guest house que nous avions réservé par mail n’était plus disponible ! C’est avec nos gros sacs et épuisés de notre journée de transfert entre la Thaïlande et le Cambodge que nous nous sommes mis en route pour chercher un lit. C’est donc par hasard que nous nous sommes retrouvés dans une formidable petite guest house. Nous vous présentons plus bas, Seven Candles, une bonne adresse pour loger à Siem Reap près des temples d’Angkor.

Comment se rendre à Angkor depuis la Thaïlande ou depuis Phnom Penh ?

La frontière terrestre de Poipet (frontière entre la Thaïlande et le Cambodge) est connue pour ses arnaques à l’encontre des voyageurs même si les choses semblent aller en s’améliorant. Pour rejoindre le Cambodge depuis Bangkok, il existe plusieurs solutions plus ou moins rapides et économiques que nous avons détaillés dans l’article Comment déjouer l’arnaque à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge. En fonction de votre choix, le trajet dure entre 1h et 12h et coûte entre 8€ et 200€.

Depuis Phnom Penh, il faut compter environ 5h30 en bus ou en mini-bus. Le trajet coûte une dizaine d’euros et vous pouvez réserver vos billets sur https://12go.asia/

Vélo ou tuk-tuk : comment se déplacer dans les temples d’Angkor ?

Nous avons adoré visiter les temples à vélo depuis Siem Reap (prêter gratuitement par notre guest house). Cela nous a permis de prendre le temps de visiter les temples mais aussi de rencontrer les habitants qui gravitent autour des temples :  les enfants qui vont à l’école et même les singes prêt à voler le gouter des touristes…

Pour les temples plus éloignés dans la campagne de Siem Reap comme le Banteay Srei, nous avions loué les services d’un tuk tuk pour la journée. Le chauffeur nous a emmené au levé du soleil puis nous a ramené pour petit-déjeuner avant de parcourir les 45 km qui séparent le temple de Siem Reap. Une belle journée entre archéologie et authenticité en traversant les villages et rizières des alentours des temples d’Angkor. Il est possible aussi de faire cette journée en scooter mais avions choisi d’être guidé par le chauffeur qui nous avait été recommandé et parlait très bien anglais. A quand les tuk tuk électrique comme à Lisbonne ?

Voyage responsable au temple d’Angkor c’est possible ?

Véritable fierté nationale, les temples d’Angkor ne vous laisseront pas indifférents. Allez à Siem Reap, visitez-les sans compter mais gardez en tête ces quelques petites choses pour faire de ce séjour un voyage responsable :

Choisir une guest house ou un hôtel tenu par des cambodgiens est plus profitable à la population que de loger dans un grand complexe hôtelier. Nous pouvons recommander la guest house dans laquelle nous avons passé nos quatre jours à Siem Reap. Seven Candles guest house est bien plus qu’une jolie villa bien située dans la ville. Elle est tenue par les Ly, famille de khmers habitant la maison, très attentionnée, polyglotte, qui a créé la fondation Ponheary Ly pour encourager l’éducation des enfants et adolescents des communautés rurales. Les terrasses de la maison constituent des lieux agréables de détente, les chambres sont spacieuses et fraiches avec une petite bouilloire et deux tasses sur la table de nuit pour le thé ou le café. Pour l’environnement, les serviettes sont changées seulement tous les trois jours ou à la demande et les vélos sont prêtés gratuitement. Pour les repas, le petit déjeuner (en supplément comme dans la majorité des hôtels et guest house au Cambodge) est servi dans le jardin et une liste de restaurants pour toutes les bourses et des informations pratiques (commentée par Lori, la manager d’origine américaine de l’établissement) est disponible dans chaque chambre avec un petit plan de la ville. Pour 12$ par nuit en chambre double avec ventilateur et moustiquaires aux fenêtres, ce n’est que du bonheur !

Vous pouvez réserver une chambre au Seven Candles sur Agoda.

Préférer les chambres naturellement bien aérée et bien exposée avec un ventilateur plutôt que l’air conditionné, qui pollue et coûte bien plus cher, l’électricité cambodgienne étant l’une des plus chères au monde.

Si le Seven Candles est pleins à vos dates, vous trouverez les meilleurs prix et bonnes affaires de guest house sur Booking et Agoda. Attention, n’oubliez pas de réserver quelques jours à l’avance pour trouver une bonne affaire.

Choisir le vélo (moyen de transport utilisé par la plupart des habitants de la région) si vous le pouvez pour visiter les temples peu éloignés. Vous n’émettrez que des gouttelettes de sueurs et serez plus proche de la population en vous déplaçant lentement !

Habitante parcourant en vélo les routes de campagne des alentours d'Angkor

Habitante parcourant en vélo les routes de campagne des alentours d’Angkor

Fuir les tours opérateurs qui emmènent les touristes en masse, au même endroit, au même moment, en bus climatisé, en prenant soin de ne pas couper le moteur lors des haltes pour maintenir la fraîcheur. De plus, ces entreprises comme les chaînes hôtelières, les centres commerciaux, appartiennent à des sociétés étrangères qui produisent des capitaux au Cambodge mais les places et les utilisent en dehors du pays.

S’habiller convenablement afin de respecter la culture des habitants et leurs lieux de culte.

Ne pas donner d’argent aux enfants. Même si ils sont mignons et que certains semblent miséreux, en achetant leurs cartes postales vous ne leur rendez pas la vie meilleure mais contribuez à les empêcher d’aller à l’école (www.thinkbeforegiving.org).

Repérer le logo ChildSafe des établissements et des chauffeurs qui participent à la lutte contre l’exploitation des enfants.

Conducteur de tuk tuk soutenant Childsafe

Conducteur de tuk tuk soutenant Childsafe

Quand visiter les temples d’Angkor ? Quelle est la meilleure période ?

La meilleure période pour visiter le Cambodge se situe de novembre à mars, pendant la saison sèche.

C’est en contre partie en décembre qu’il y a le plus de touristes aux temples d’Angkor ce qui peut gâcher un peu la magie du voyage surtout quand on sait qu’un quart des plus de 2 millions de visiteurs annuels des temples sont des chinois avec leur casquettes et leurs haut parleurs.

Les mois d’avril et mai pendant la mousson d’été sont particulièrement étouffants. Pour avoir une idée plus précise de la chaleur et des précipitations au Cambodge vous pouvez consulter la fiche pays du planificateur : Quand partir au Cambodge ?

Bonus : Visitez les temples d’Angkor au Cambodge grâce à Google

Vous pouvez visiter les temples d’Angkor depuis votre canapé grâce à Google qui a photographié une grande partie des temples en 360° pour une balade virtuelle qui permet de découvrir ces temples majestueux dans les moindres recoins. Le projet est sans précédent pour Google au vu de la taille du site, 400 km2 et c’est très bien réalisé. Découvrir ce projet sur le site : Les temples d’Angkor sur Google Street View

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7 Commentaires

  1. Chiara SAMMARTINO
    13 février 2012 à 21 h 48 min — Répondre

    wow.. ça nous change vraiment des trucs auxquels on est habitué.. magnifique !

    • 15 février 2012 à 11 h 27 min — Répondre

      Oui, le Cambodge est un pays très intéressant, magnifique et très varié (on espère pouvoir le faire ressortir dans les prochains articles) !

  2. 17 février 2012 à 14 h 33 min — Répondre

    J’arrive demain à Siam Reap. Je garderai à l’esprit tes conseils. Merci!

  3. 26 novembre 2012 à 8 h 44 min — Répondre

    Bonjour,
    Merci de cet article qui a le grand mérite de faire un point sur ce merveilleux site et les dérives du tourisme. Hélas, elles sont connues et vont de pair avec le développement du pays.
    Il faut donc, en tant que voyageur, ne pas se contenter de faire le touriste : rester distant des sollicitations de tous ordres, rester vigilants aux vrais problèmes de vie (et s’y intéresser), s’éloigner le plus possible des agences de voyages locales (surtout à Siem Reap).
    J’ai fréquemment des demandes sur mon blog pour savoir quelle agence choisir pour visiter les temples, les précautions à prendre… c’est toujours difficile de répondre. Néanmoins, il n’est pas difficile de garder du bon sens, de ranger son appareil photo et de contempler, respirer, vivre les moments rares que nous offre le Cambodge.
    J’ai écrit un article la dessus : http://www.kambodia.info/les-femmes-dangkor-sont-bouleversantes/ et sur les temples et l’ambiance « exotique » : http://www.kambodia.info/les-gardiens-du-temple/.
    Bon voyage à tous !

  4. 30 avril 2014 à 15 h 50 min — Répondre

    C’est vrai que les temples d’Angkor perdent un peu de leurs charmes et des voyageurs sont déçus du voyage !

    J’ai récemment rédigé un article sur ces sites touristiques célèbres qui nous déçoivent. Il complète bien votre article je trouve. Si vous êtes intéressé, voici le lien vers l’article: http://oiseaurose.com/2014/04/30/sites-touristiques-celebres-mais-decevants/

  5. jeanine DELCLAUX
    18 décembre 2021 à 7 h 52 min — Répondre

    bonjour stéphane j’envisage d’aller faire un voyage au cambodge et j’aimerai savoir où sont tournées toutes ces vidéos avec des bébés macaques, ils sont trop mignons et j’aimerai pouvoir m’occuper de l’un d’eux qui est abandonné par sa mère. bien entendu c’est juste le temps qu’il devienne assez solide pour qu’ensuite il regagne son lieu de naissance pour y vivre, j’aime les inges et je m’en suis occupée pendant 2 ans en afrique, si tu peux me diriger un peu pour réaliser cela ce serait sympa . merci de me répondre sur mon mail :: jeanine.tahiti@gmail.com

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