Comment communiquer en voyage sans être polyglotte ?

On imagine souvent de chez nous que communiquer en voyage nécessite toujours des bases et une ribambelle de techniques grammaticales en langue étrangère afin de poser des questions et d’obtenir les réponses qui permettent de faire les bons choix pour avancer.

Peut être avons-nous perdu l’art de blablater ?

Dans de nombreux pays de l’hémisphère sud les échanges sont omniprésents : à la maison en famille autour du feu, en partageant le thé avec ses voisins sur une terrasse au coin de la rue, en attendant le bus avec des inconnus. Communiquer c’est aussi échanger, parfois se faire plaisir, souvent tuer le temps, toujours partager.

Le dessin est parfois un très bon moyen pour se faire comprendre (copyright : http://www.electric-odyssey.com/)

Antonin et Xavier, l’équipage de l’Odyssée Electrique (http://www.electric-odyssey.com/), ont réalisé le 1er tour du monde en voiture électrique de série… et parfois pour se faire comprendre rien de tel qu’un petit dessin.

Alors comment échanger quand on ne parle pas la même langue ?

Les sourires, les gestes, quelques mots suffisent souvent à échanger et faire des rencontres. Nous nous rappelons ce moment passé avec un couple de vietnamiens qui nous avait offert l’abri lors d’un orage sur l’ile de Phu Quoc que nous parcourions en moto. Chacun dans nos hamacs, nous savourions l’odeur de la pluie, le bruit des fruits qui tombaient sur le toit en tôle de la terrasse, et quelques rires lorsque nous tentions de nous relever mais que l’averse repartait de plus belle.

Au Cambodge à Kampot, un pêcheur nous a raconté le massacre de sa famille et comment il s’en est sorti et a été invité à Paris pour témoigner, avec seulement quelques mot d’anglais que l’on pouvait compter sur les doigts d’une main, des gestes, des mimes, et des symboles tracés sur la poussière des planches du ponton.

Notre album photos constituait également un bon support pour se présenter dans les familles qui nous accueillaient.

Et quand on a besoin de s’informer ?

Nous ne vous apprendrons rien en affirmant que l’anglais est devenue la langue universelle et que dans de nombreux pays les habitants ont des notions de la langue de Shakespeare, plus ou moins vagues selon leur besoin de communiquer avec les touristes (comme en Thaïlande ou au Cambodge), voir de s’informer via le satellite (comme en Birmanie où la censure de la presse a très longtemps sévi). En Chine, où les 6 milliards de chinois ont déjà bien assez d’interlocuteurs, ils ne semblent pas ressentir le besoin de parler anglais. Il faut parfois être très téméraire pour y voyager en individuel. La Chine est en effet de loin le pays qui nous a donné le plus de fil à retordre pour se repérer, se déplacer, chercher un logement, savoir ce que l’on mangeait. Alors qu’au Japon ils couraient chercher quelqu’un pour nous comprendre, en Chine, nous pouvions chercher longtemps avant que l’on nous propose de l’aide. Même en s’adressant aux jeunes chinois, au top de la modernité, nous n’obtenions que des ricanements en guise de réponse pour camoufler la gène de ne pas pouvoir nous répondre.

Dans ces pays où l’alphabet est différent, il est parfois indispensable d’emporter avec soi un petit guide de conversation contenant un peu de vocabulaire et quelques phrases toutes faîtes, un dépliant avec les symboles ou mots courants écrit dans l’alphabet local et un carnet où l’on peut se faire écrire les adresses et endroits où l’on souhaitent aller avec leur prononciation. Nous avons été surpris en arrivant en Chine à l’aéroport de constater que personne ne comprenait que nous souhaitions nous rendre à Shanghai car nous ne prononcions pas « Shan-haïe » !

Parfois même sans un mot, il est possible de se renseigner. Quelle rigolade dans un bus avec des locaux dans le delta du Mékong au Vietnam lorsque nous avons voulu demander au chauffeur combien de temps durait le trajet. Ce dernier ne parlait pas un mot d’anglais et s’est un peu braqué de ne pas nous comprendre. Avec sourires et mimiques rassurantes, nous lui avons proposé de suivre nos gestes. Ce fut à l’arrière du bus avec les autres passagers, un jeu de mimes géant pour savoir que le trajet durerait 6 heures. Par la même occasion, nous avons obtenu la sympathie de tous d’autant que tout le monde a bien rit et que les vietnamiens adorent ça !

Conversation avec un jeune moine au Cambodge avec seulement quelques mots d'anglais

Conversation avec un jeune moine au Cambodge avec seulement quelques mots d’anglais

Ce dont on a vraiment besoin pour communiquer en voyage

Thank you, gracias, aukounarigato… Quelques mots dans la langue locale

La première chose que nous faisions en arrivant dans un pays c’était repérer et apprendre ces quelques mots que l’on utilise tout le temps : bonjour, au revoir, merci, non, plus tard, oui, c’est un régal, combien ça coûte

Pour nous, faire l’effort de « parler » la langue du pays que l’on visite est une marque de respect et facilite un premier échange. Avec ces petits riens, on fait plaisir et on fait tomber une des barrières liée à la méfiance envers l’étranger. Sans oublier que la linguistique fait partie de l’histoire culturelle d’un pays et que l’on apprend beaucoup en essayant de comprendre son alphabet, sa construction et ses influences.

Do you speak english ? Quelques bases d’anglais

Pour aller plus loin et participer à des discussions avec les autres, l’anglais est devenu indispensable pendant un voyage au long cours. En Amérique du Sud, c’est plutôt l’espagnol qui sera utilisé avec les sud-américain mais l’anglais planera toujours dans l’atmosphère cosmopolite des auberges de jeunesses. A l’heure de la mondialisation, l’anglais tend de plus en plus à être la langue universelle et il est vrai que l’on trouve quasiment partout quelqu’un en ayant de vagues notions. Alors inutiles d’apprendre les 4000 à 5000 langues parlées sur terre avant de partir en tour du monde !

En pratique, il semblerait qu’avec 30 ou 40 mots d’anglais on arrive à voyager. Il suffit alors de comprendre les réponses, mais dans certains pays où l’accent est très fort (une petite pensée pour les adorables kiwis) ce n’est pas si facile.

De l’imagination sans modération

Avec de la bonne volonté et de la sympathie, il est possible de se débrouiller quasiment partout. Ne nous bornons pas seulement aux mots alors que le language non verbale  est aussi une mine d’or. Profitons en car ce langage ne s’apprend pas mais se vie.

Il faut cependant avoir conscience que chaque pays possède ses propres codes et représentations et que certains gestes sont à éviter à l’étranger. Il serait regrettable qu’en négociant un tapis dans un souk du moyen-orient, vous pensiez signifier au vendeur que vous êtes très content qu’il accepte votre dernière offre en levant le pouce vers le ciel poing fermé, mais que ce dernier comprenne que vous refusez en l’envoyant se faire mettre un doigt où l’on pense ! A moins que vous vous trouviez en Australie (ou dans une autre ancienne colonie britannique) et qu’en commandant deux bières dans un pub en montrant les deux doigts de la victoire paume de la main vers vous, le barman se sente insulté par votre doigt d’honneur !

Mais on ne peut pas tout savoir et les gens ne vous en tiendront en général pas rigueur.

Partir pour apprendre l’anglais ou améliorer son anglais avant de partir ?

L’anglais en voyage peut être une fin, comme dans un voyage linguistique, ou un moyen comme dans un tour du monde. Ce qui est vrai c’est qu’une langue étrangère s’apprend en pratiquant et comme pour beaucoup de choses, cela dépend de sa motivation et de sa volonté. C’est pour cela que c’est plus facile en immersion dans un pays étranger, car l’anglais est le seul moyen de discuter et d’échanger avec les autres.

Le premier frein à lever est alors le blocage et la gêne liée à une prononciation et à l’utilisation d’un langage très ou trop basique. Mais ceci est d’autant plus facile en voyage avec des personnes dont l’anglais n’est également pas leur langue maternelle et qui sont donc passés par les mêmes épreuves (quoi qu’en France nous sommes particulièrement peu favorisé en ce qui concerne l’apprentissage des langues étrangères). Nous parlons ici surtout pour ceux à qui on a enseigné l’anglais à l’école au dessus d’un cahier et qui ne s’en sont jamais servi. En voyage, on prend vite confiance en soi. Nous nous sommes même entendu dire à plusieurs reprises que pour des français nous parlions très bien anglais !

L’intérêt d’avoir des bases est de pouvoir très vite s’y mettre, même dans les pays non anglophone où l’on entend pas parler anglais toute la journée (c’est d’ailleurs en Asie que l’on a eu l’impression de progresser le plus).

Ainsi avant de partir il existe de nombreux moyens pour se dérouiller même lorsqu’on est incapable d’ouvrir un manuel de langues en rentrant du boulot :

  • Se détendre en regardant des films ou séries en anglais sous-titrés en anglais pour aider à la compréhension,
  • Ecouter des Podcasts en marchant ou en voiture,
  • Lire des BD, romans, journaux en langues étrangères,
  • Sortir dans les cafés de langues…
L’essentiel est de choisir ce qui est adapté à vos gouts et de vous donner envie de parler anglais. Vous serez largement récompensé de vos échanges avec les autres tout au long de votre voyage et même après.
Contenu d'un sac à dos de tourdumondiste en vrac
Article précédent

Comment préparer son sac à dos pour un tour du monde ?

Super canard, le passager clandestin !
Article suivant

Quel billet d’avion pour faire le tour du monde ?

10 Commentaires

  1. 1 octobre 2012 à 11 h 03 min — Répondre

    C’est vrai qu’il est difficile des fois de parler avec son interlocuteur. Surtout si il habite en Chine. J’ai eu cette expérience l’année dernière.

  2. 17 octobre 2012 à 11 h 22 min — Répondre

    Au Japon, cet été ça a été dur de communiquer avec des japonais car il ne pouvait pas parler Anglais! En Asie, ça peut encore aller dans les coins touristiques, j’étais aussi en Chine cette année, et c’est vrai que c’est difficile pour les personnes ne parlant pas la langue.

  3. Dennat
    24 octobre 2012 à 10 h 49 min — Répondre

    Lorsque j’ai été à l’étranger pour la première fois de ma vie, j’ai vraiment eu beaucoup de difficulté à parler un autre langue, c’était l’Anglais en l’occurrence et je n’avais pas aussi la confiance en mes capacité à parler Anglais que maintenant.

  4. 26 octobre 2012 à 17 h 24 min — Répondre

    Parler anglais c’est indispensable aujourd’hui, vraiment. Dans tous les pays du monde où il y a un minimum d’activité touristiques, les personnes liées au tourisme vont nous parler anglais. On ne peut pas y couper. Et ça permet de survivre dans 99% des cas. Après, pour aller plus loin, nouer des amitiés, etc, là le must c’est de rester suffisamment longtemps sur place pour apprendre la langue, mais c’est pas forcément aisé (même si l’espagnol me paraît indispensable, notamment pour l’amérique latine).

  5. 4 novembre 2012 à 13 h 22 min — Répondre

    Et au niveau du Français, vous avez rencontré des personnes francophones lors de votre voyage?

    • 7 novembre 2012 à 7 h 30 min — Répondre

      Presque tous les jours ! C’est étonnant le nombre de voyageurs au long cours que l’on peut croiser en tour du monde…

  6. christian R
    14 novembre 2012 à 10 h 04 min — Répondre

    Bonjour
    J’ai bien reconnu le langage « tortue » au sac à dos, langage courant, descriptif et pratique pour demander le chemin du parc-réserve animalier ….
    Biz

  7. Tiphanya
    8 mai 2013 à 12 h 41 min — Répondre

    En plaisantant j’appelle ça l’instinct de survie. Quand il faut, on comprend.
    Ainsi ce vieil homme qui avec quelques signes de la main m’a raconté l’histoire de ses vaches, ses travaux pour sa maison… en kirghize. Je ne pensais pas avoir compris mais ensuite sa fille (une vieille dame également) m’a confirmé et redit tout ce que j’avais compris. C’est mon exemple le plus frappant car je ne parle pas du tout le kirghize. Mais j’ai aussi demandé mon chemin (et compris la réponse) à Tokyo à un japonais sourd ou muet.
    Je suis d’une très grande timidité, mais je ne me laisserai jamais avoir pour un problème de barrière linguistique, peut-être parce que je suis prof de langues, peut-être parce que je suis bavarde.

  8. Alexandre
    1 septembre 2017 à 18 h 51 min — Répondre

    Bonjours, merci pour l’article. Il y a aussi des tee-shirts avec des logos dessus, ça peut être pas mal pour se faire comprendre :
    http://www.boutique-du-globe-trotter.ovh

    • 10 octobre 2017 à 7 h 55 min — Répondre

      Oui on a vu ces t-shirts. La solution d’avoir des cartes avec des logos est super intéressante, on l’avait fait en Chine où il était très difficile de communiquer avec les chinois en anglais.

Répondre

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *